Travailler en tant que radiologiste pour les Forces armées canadiennes : l’exemple de la commandante Giang Nguyen, radiologiste en chef
Pour la commandante Giang Nguyen, membre de la CAR et de la British Columbia Radiological Society (BCRS), travailler en tant que radiologiste en chef pour les Forces armées canadiennes (FAC) a été l’occasion de prendre part à des missions humanitaires sur le territoire national et à l’international. Peu de gens savent que la radiologie est une spécialité médicale qui peut être déployée. Lorsque les radiologistes des FAC ne participent pas à une opération de déploiement militaire, ils sont intégrés à la pratique civile, prodiguant des soins semblables à ceux des autres radiologistes, au sein d’un hôpital ou d’une communauté.
Pour la commandante Nguyen, la décision de rejoindre les FAC était une évidence. Ses deux parents avaient servi dans l’armée vietnamienne et elle a toujours été attirée par l’armée. Lorsqu’elle a annoncé à ses parents qu’elle allait rejoindre les FAC, sa mère a fondu en larmes. Son père, quant à lui, l’a emmenée à l’écart et lui a dit : « Ça, c’est bien ma fille! ». Rejoindre l’armée est un choix personnel qui ne convient pas à tout le monde, mais, d’après la commandante Nguyen, il est important de mettre en avant les possibilités qu’offrent les FAC pour les radiologistes et de s’assurer que le point de vue de ces derniers est pris en compte au sein des FAC.
En général, les FAC essaient de disposer de quatre ou cinq radiologistes en fonction, mais il est difficile d’y parvenir en raison de l’attrition. À l’heure actuelle, en dehors de la commandante Nguyen, on compte un seul radiologiste en poste, plus deux autres en formation. De plus, deux officiers de réserve étaient auparavant radiologistes auprès des FAC. À l’heure actuelle, la plupart des tâches liées à la radiologie s’effectuent à distance. Puisque les radiologistes militaires actifs sont peu nombreux, les FAC font appel à des prestataires civils pour les tâches qui ont lieu dans la garnison. Tous les examens réalisés sur le territoire, ainsi que certains réalisés à l’international, sont envoyés à une base de données située à Borden, en Ontario, et sont interprétés par des prestataires basés à Halifax. L’armée fait aussi appel à un groupe de Valcartier, au Québec, pour l’interprétation d’images en français. Si la sécurité des fichiers images envoyés est en jeu, que le transfert des images prend trop de temps ou que l’opération a lieu sur le long terme, des radiologistes seront déployés dans une salle d’opération locale.
Les radiologistes des FAC ont été déployés au Liban pour apporter leur soutien dans le cadre de l’immigration syrienne, à Haïti après le tremblement de terre de 2010 et à Kandahar, en Afghanistan, pour participer à la campagne de lutte contre le terrorisme. Cela fait 10 ans que les radiologistes n’ont pas été déployés dans le cadre d’une opération militaire. La commandante Nguyen a servi en personne à Kandahar, où elle a été déployée en tant que médecin de famille. Elle se souvient des conditions extrêmement rudes, des patients souffrant de traumatismes inimaginables et de maladies qu’on ne trouve pas dans les pays développés, comme des cas de tuberculose avec atteinte de la colonne vertébrale, des maladies parasitaires et d’autres types d’affections liées à un manque d’hygiène et à une mauvaise nutrition.
Entre 2006 et 2011, le Dr Dan Lindsay, un radiologiste civil exerçant au Manitoba, a passé 19 mois à travailler dans une salle d’opération de Kandahar. Les radiologistes étaient totalement intégrés à l’équipe clinique, au sein de laquelle ils apportaient des contributions notables et très estimées. Il raconte le plaisir et l’enthousiasme de travailler aux côtés de spécialistes du monde entier, mais aussi le fait d’être confronté à des traumatismes extrêmes et de traiter des blessures graves. Afin de concilier ces aspects très opposés, le personnel médical qui travaille dans des environnements intenses doit faire preuve d’un niveau extraordinaire de flexibilité, d’engagement et de passion.
« Les gens sont là parce qu’ils veulent contribuer à quelque chose qui les dépasse, » dit le Dr Lindsay.
Les FAC reconnaissent que le fait de se trouver dans ces situations engendre un stress psychologique énorme et fournissent à cet effet un soutien considérable et largement accessible. Parmi les ressources mises à disposition, on retrouve un programme de parrainage, la mise en relation avec des travailleurs sociaux, le dépistage des troubles mentaux, un système de permissions, ainsi que des entretiens pour assurer un suivi et faire le point. On est désormais bien loin des anciennes pratiques, qui consistaient à nier l’impact psychologique que pouvait avoir ce type de travail. Cette nouvelle approche vise à déstigmatiser les troubles de la santé mentale, afin de faire face aux troubles de stress post-traumatique et aux suicides au sein du personnel.
En raison de la pandémie de COVID-19, il a été nécessaire d’adapter la pratique de la radiologie au sein des FAC, tout comme dans le monde entier. Dans ce contexte, les lignes directrices et les énoncés de position de la CAR se sont avérés une aide précieuse. Au début de la pandémie, les FAC avaient mis en place un système d’imagerie réservé aux patients atteints de la COVID-19, mais cela a changé lorsque la CAR a publié ses lignes directrices relatives à l’imagerie. Les FAC ont contribué à superviser la quarantaine des premiers patients souffrant de la COVID-19 au Canada et à leur prodiguer des soins. Elles ont aussi participé au rapatriement des patients atteints de la COVID-19 et au dépistage des équipages qui risquaient d’avoir été exposés au virus.
En ce qui concerne l’avenir de la pratique de la radiologie, la commandante Nguyen voit un horizon plein de promesses grâce à l’intelligence artificielle (IA).
« Il y a véritablement de quoi s’enthousiasmer! Les FAC espèrent faire partie des chefs de file dans le domaine. L’IA peut venir en aide aux cliniciens lorsqu’ils n’ont pas de radiologistes sous la main pour les rassurer dans leur interprétation. »
La commandante Nguyen est une véritable passionnée de radiologie et fait confiance aux FAC, c’est là le secret de sa réussite.