L’Association canadienne des radiologistes (CAR) partage l’inquiétude de la Société canadienne de l’imagerie mammaire (SCIM) quant aux recommandations mises à jour sur le dépistage du cancer du sein du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GÉCSSP).
Selon le point de vue de la CAR, les recommandations du GÉCSSP reposent principalement sur des recherches anciennes et tiennent trop peu compte des contributions des spécialistes en imagerie mammaire. Des études récentes, telles que la grande étude par observation pancanadienne sur le dépistage par mammographie, sont occultées par le Groupe d’étude. Cette étude menée sur 2,8 millions de femmes canadiennes participant aux programmes de dépistage canadiens a mis en évidence une diminution de la mortalité d’environ 40 % due au dépistage (Coldman et al, JNCI 10/2014). D’autres recherches actuelles, fondées sur l’utilisation des dernières technologies, attribuent des bénéfices similaires au dépistage, avec une réduction de la mortalité due au cancer du sein de 40 à 60 % (Tabar et al, Cancer 11/2018). Le dépistage régulier et la détection précoce présentent d’autres bienfaits prouvés, également ignorés par les recommandations du GÉCSSP, notamment la réduction du nombre de chimiothérapies, de mastectomies et de dissections axillaires (Ahn S, et al. Ann Surg Oncol. 2018).
La recommandation du GÉCSSP contre l’utilisation de la tomosynthèse pour les femmes à risque moyen, décrite dans le document comme « une forte recommandation, pas de preuve », ne tient pas compte du grand nombre de preuves relatives à la tomosynthèse, compilées en 2015 par l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) et discutées dans les mises à jour 2016 des lignes directrices en matière d’imagerie mammaire et d’intervention de la CAR. Les preuves relatives à la tomosynthèse indiquent non seulement une augmentation du taux de détection des cas de cancer, mais aussi une baisse du taux de rappel des faux positifs des mammographies. Le problème des mammographies faussement positives est désigné par le GÉCSSP comme un des risques du dépistage. Toutefois, la possibilité de réduire le taux d’examens faussement positifs grâce à la tomosynthèse a été inexplicablement omise par le GÉCSSP.
Dans ces recommandations, la prise de décision commune par la femme et son ou sa prestataire de soins est mise en avant. Pour prendre une décision commune, la femme et son ou sa prestataire de soins doivent avoir en main des informations claires et précises. Les femmes canadiennes présentent un risque d’un sur huit de se voir diagnostiquer un cancer du sein au cours de leur vie. Chez un cinquième de ces femmes, le cancer est diagnostiqué avant l’âge de 50 ans. Il est prouvé que le dépistage par mammographie permet de détecter un grand nombre de cancers du sein non palpables, à un stade plus précoce, où ils sont plus susceptibles d’être curables. Bien que les soins du cancer du sein se soient améliorés, des études ont montré que même si les femmes ont accès aux derniers traitements, un examen mammographique régulier permet toujours de réduire la mortalité due au cancer du sein et l’agressivité des traitements.
Depuis plus de 80 ans, la CAR s’engage à garantir des normes de qualité pour les patients. L’association soutient la recommandation fondée sur des preuves préconisant que les femmes de 40 à 49 ans à risque moyen de cancer du sein doivent passer des examens mammographiques chaque année, et que les femmes à risque moyen âgées de 50 à 74 ans doivent réaliser un examen mammographique tous les ans ou tous les deux ans. Au nom des patients, la CAR appelle Santé Canada à revoir les recommandations 2018 du GÉCSSP. La CAR estime que cette révision devrait être réalisée par des spécialistes reconnus en imagerie mammaire et en traitement du cancer du sein. La CAR est disposée à recommander une longue liste de spécialistes en radiologie et en recherche qui pourront assister à cette révision.
Soutenu par le conseil d’administration de l’Association canadienne des radiologistes.