Ce mois-ci, nous vous présentons la Dre Tracey Hillier, qui a exercé la médecine tant au niveau national qu’international. Elle évoque sa passion pour la justice et la responsabilité sociale tout en proposant des stratégies mesurables et concrètes pour promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion en radiologie.
La Dre Tracey Hillier siège au conseil d’administration de la CETARS (Canadian Emergency, Trauma and Acute Care Radiology Society, société affiliée de la CAR). Elle est professeure agrégée au département de radiologie et d’imagerie diagnostique de l’Université de l’Alberta et a été la première vice-doyenne autochtone d’un programme d’école de médecine au Canada.
La Dre Hillier a obtenu son doctorat (1997) et a fait sa résidence en médecine familiale (1999) à l’Université McMaster. Elle a pratiqué la médecine familiale sur la base des Forces canadiennes à Edmonton. Elle a ensuite effectué une résidence en radiologie et en imagerie diagnostique à l’Université d’Alberta et une formation postdoctorale en radiologie traumatique d’urgence à l’Université de Colombie-Britannique (2011). Elle est titulaire d’une maîtrise en éducation de l’Université de l’Alberta (2016).
Elle a travaillé en tant que radiologiste à l’Hôpital Misericordia d’Edmonton, à l’Hôpital général de Vancouver, ainsi que dans les cliniques de radiologie des Forces canadiennes. Elle est actuellement directrice du Alberta Institute, un projet de collaboration internationale entre l’Université de l’Alberta et l’Université médicale de Wenzhou en Chine.
Son intérêt pour la santé mondiale l’a conduite au Honduras, en Tanzanie et en Haïti afin de fournir des services de soins primaires aux populations locales. Ces expériences ont façonné sa vision et son intérêt pour les projets de développement qui concernent les facteurs déterminants de la santé tels que le revenu, l’éducation et la culture.
« Je crois que la médecine est une profession de service et à ce titre, nous pourrons assurer les meilleurs soins aux patients si nous prenons mieux en compte les populations desservies. »
La Dre Hillier a eu la chance de bénéficier du soutien de deux directeurs de département qui l’ont encouragée à assumer des fonctions de premier plan dans l’enseignement médical. Actuellement, elle encadre divers étudiants dans leur apprentissage médical. Elle sait par expérience combien il peut être difficile d’être la première personne de la famille à aller à l’université; de se démener pour suivre des études de médecine lorsque l’on n’a pas le même capital social que d’autres personnes issues de milieux plus aisés; de quitter sa petite ville pour travailler dans un centre universitaire de soins quaternaires; et de s’intégrer dans des environnements qui récompensent des réalisations individuelles différentes de sa propre vision du monde.
Un rôle avant-gardiste sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion
Les intérêts et les recherches universitaires de la Dre Hillier portent sur l’équité et l’inclusion, la promotion du leadership médical et l’élaboration d’un programme d’études qui répond aux importantes disparités observées entre les Canadiens autochtones et non autochtones en matière de santé. Elle siège au comité consultatif autochtone de l’Université de l’Alberta et a mené une étude sur les admissions dans les écoles de médecine afin d’identifier et d’éliminer les obstacles qui nuisent à la diversité des étudiants.
Au cours des 10 à 15 dernières années, la Dre Hillier a su adopter une approche plus appropriée en matière de diversité, d’équité et d’inclusion.
« Afin d’atteindre les objectifs fixés en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, nous devons reconsidérer les anciennes notions de méritocratie et nous concentrer sur ce que nous choisissons de valoriser, de mesurer et de récompenser en termes d’excellence et de mérite. »
Il existe de nombreuses solutions pour améliorer l’équité, la diversité et l’inclusion dans le domaine de la radiologie. Dre Hillier soumet plusieurs suggestions :
- Promouvoir une plus grande diversité au sein des étudiants en médecine.
- Reconnaître l’iniquité inhérente qui consiste à « traiter tout le monde de la même façon » alors que nous ne partons pas tous du même point de départ. En d’autres termes, l’égalité n’est pas synonyme d’équité.
- Reconnaître que le fait de ne pas faire de « distinction de couleurs » est problématique lorsqu’il s’agit de rechercher l’équité et l’inclusion.
- S’engager à offrir un mentorat sur la diversité aux étudiants qui envisagent une carrière en médecine et aux divers étudiants ayant été admis.
- Garantir un poste de résident pour les candidats autochtones.
- Diversifier les comités de recherche en cas d’embauche dans votre département ou votre cabinet.
- Offrir un mentorat et un parrainage aux femmes radiologistes, mettre en place des horaires de travail flexibles, renforcer les politiques qui soutiennent l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, et favoriser la diversité parmi tous les membres de l’équipe.
- Créer un rôle de chef de file au sein de votre département pour soutenir la diversité, l’équité et l’inclusion.
- S’informer sur la réalité du racisme systémique dans le secteur de la santé et travailler à la création d’un environnement de travail et d’apprentissage respectueux sur le plan culturel et psychologique.
En raison de son engagement envers la diversité, l’équité et l’inclusion, la Dre Hillier a été retenue pour recevoir un prix de l’Université de l’Alberta.
Dre Hillier est née et a grandi à Stephenville, Terre-Neuve, une petite ville de la côte ouest située en territoire traditionnel micmac. Elle fait partie de la Première nation Qalipu. En plus de sa carrière universitaire, Dre Hillier a été membre des Forces armées canadiennes pendant 27 ans. Elle est mariée à Sukhvinder Dhillon, un radiologiste spécialisé en médecine musculo-squelettique, et est l’heureuse mère de 5 enfants.
Remarque : Le 9 décembre 2020, le conseil d’administration de la CAR a voté en faveur de la création d’un groupe de travail consacré à l’équité, la diversité et l’inclusion, proposé par la Dre Charlotte Yong-Hing et un groupe d’éminents radiologistes du pays.