Dre Christine Molnar a été nommée Associée de la CAR en mai 2021. Elle pratique la médecine nucléaire et la radiologie diagnostique au département d’imagerie diagnostique du Foothills Medical Centre à Calgary, en Alberta. Elle cumule plusieurs décennies d’expérience dans des postes de direction au sein de l’Alberta Society of Radiology (ASR) et de l’Alberta Medical Association (AMA). Selon elle, la CAR pourrait favoriser l’établissement d’une voix unifiée autour de la compassion en médecine et de la navigation dans le monde virtuel, la collaboration entre les spécialités et le mentorat.
Dre Molnar est née et a grandi à Saskatoon. Elle a fait ses études de médecine à l’Université de la Saskatchewan. Après avoir obtenu son diplôme de médecine, elle s’est spécialisée en radiologie diagnostique. Elle a ensuite poursuivi un fellowship en médecine nucléaire à l’Université de l’Alberta.
Elle exerce en tant que radiologiste au Foothills Medical Centre depuis 1985. Elle est également professeure clinicienne agrégée à l’Université de Calgary. Elle a été associée à EFW Radiology, un établissement d’imagerie diagnostique et interventionnelle à Calgary où elle a, entre autres, créé un programme logiciel d’assurance et d’amélioration de la qualité destiné à la pratique communautaire d’EFW. Dès le début de sa carrière, la Dre Molnar s’est intéressée à l’assurance et l’amélioration de la qualité, à la défense des intérêts des patients et à l’examen critique des incidents selon les principes de la « culture juste ».
Dans le cadre de son travail au sein de l’ASR au début des années 1990, elle a commencé à défendre la cause des femmes de l’Alberta pour leur permettre de bénéficier d’un programme provincial de dépistage du cancer du sein basé sur la communauté – en d’autres termes, une collaboration entre des cabinets de radiologie communautaires dans un système provincial. En Alberta, la plupart des services d’imagerie mammaire sont assurés par des cabinets communautaires et une approche programmatique était nécessaire. Ce parcours, long et politiquement complexe, lui a permis d’apprendre à soutenir le changement, à obtenir l’appui de grands groupes de personnes, mais aussi à créer de la valeur et une orientation stratégique. En l’espace de plus d’une décennie, alors qu’elle était elle-même confrontée à des problèmes de santé, ses efforts ont contribué à la mise en place d’un programme provincial de dépistage du cancer du sein reposant entièrement sur le partenariat. Ce programme comprend une base de données mammographiques qui a pu être élaborée grâce à la contribution des praticiens de toute la province. La base de données fournit des rapports d’assurance qualité aux radiologistes qui soumettent les clichés et transmet de manière sécurisée les points de données nécessaires au fonctionnement du programme de dépistage du cancer du sein de l’Alberta. Cette base de données appartient aux radiologistes de l’Alberta, qui l’exploitent par l’intermédiaire de l’ASR. Celle-ci offre une base pour l’amélioration de la qualité de l’imagerie mammaire dans la province.
Dre Molnar a été présidente de l’ASR, section de l’imagerie diagnostique de l’AMA, au moment de la transition vers un système de santé unique en Alberta, nommé Alberta Health Services. Au cours de cette période, elle a travaillé en étroite collaboration avec l’AMA sur un nouveau modèle de méthodologie des frais généraux liés à la pratique communautaire et aux questions d’honoraires, mais aussi sur un cadre pour le développement du programme provincial d’assurance et d’amélioration de la qualité.
Compte tenu de sa grande expérience en matière de leadership et de défense des intérêts des patients, elle a été sélectionnée pour siéger au conseil d’administration de l’AMA. Elle a été élue en 2011 et a effectué deux mandats de trois ans. Elle a été élue au poste de présidente de l’AMA, fonction qu’elle a exercée de septembre 2019 à octobre 2020.
« J’ai eu l’incroyable opportunité de fournir un niveau de service à la profession. Je m’identifie d’abord et avant tout au métier de médecin. De plus, j’ai des compétences très spécialisées en imagerie diagnostique. C’est ma vocation. »
Pendant son mandat de présidente, l’AMA a dû faire face à de nombreuses questions complexes, comme les changements progressifs et transformateurs du système de santé, la santé mentale, la crise des opiacés et la COVID-19. Au cours de cette année tumultueuse, il n’a jamais été aussi évident que les médecins ont besoin d’une voix forte et unie. Une voix qui se distingue des institutions réglementaires et gouvernementales. Une voix qui défend la santé et le bien-être des médecins.
En se basant sur son expérience en tant que porte-parole des patients et des médecins, la Dre Molnar a identifié les domaines dans lesquels la CAR peut devenir un moteur de changement qui renforcera la spécialité de l’imagerie diagnostique et améliorera les soins aux patients.
La compassion en médecine et la navigation dans le monde virtuel
« Alors que la médecine s’oriente de plus en plus vers des interactions virtuelles avec les patients, nous devons chercher à préserver et à accroître le sens et la valeur de notre travail. En tant que spécialistes de l’imagerie diagnostique, nous sommes confrontés à des changements transformateurs avec l’IA. Dans ce contexte, nous devons développer et appliquer des stratégies pour améliorer nos relations avec les patients et nous soutenir mutuellement dans le changement. »
Les radiologistes subissent de plus en plus de pressions qui les poussent à augmenter le volume des lectures effectuées. « Nous risquons de perdre de vue les patients qui se cachent derrière les images que nous interprétons. » L’attention portée au volume de travail effectué doit s’accompagner d’autres critères, notamment la précision des rapports, le nombre d’heures travaillées et les conditions de travail. La compassion envers les patients et entre collègues doit être encouragée. Des lignes directrices ou des recommandations seraient utiles pour soutenir la santé dans cette spécialité. Par exemple, l’évaluation de l’impact sur la santé des médecins et la sécurité des patients en tenant compte des recommandations sur les heures de travail (par jour, par semaine et par an); l’évaluation des gardes et des services de nuit et leur impact sur la santé et la sécurité des patients; les environnements de travail du point de vue de l’efficacité, de la qualité et du bien-être des médecins.
Les patients s’attendent à recevoir des soins pratiques, mais il faut tout de même répondre à des normes élevées de qualité et d’efficacité. L’IA doit être équilibrée en tenant compte des besoins des patients.
« Il serait intéressant pour la CAR d’étudier la manière dont nous pouvons, en tant que spécialité, conserver notre humanité et notre conscience clinique dans le monde virtuel. »
Collaboration entre spécialités
Les radiologistes sont bien placés pour devenir des membres à part entière des équipes cliniques. Maintenir des interactions formelles et régulières avec des collègues cliniciens permet d’atteindre l’excellence dans les soins aux patients et d’utiliser efficacement les services d’imagerie. Dans un monde virtuel en pleine expansion, il est stratégiquement important que les radiologistes communautaires et hospitaliers soient intégrés aux équipes cliniques, non seulement pour apporter une valeur ajoutée, mais aussi pour maintenir un lien solide avec leurs collègues et les patients traités.
« Lorsque la situation l’exige, les interactions entre spécialités sont particulièrement importantes. Elles nous permettent de prendre conscience que nous poursuivons tous le même objectif, celui d’améliorer les soins aux patients. »
La CAR pourrait évaluer des stratégies visant à soutenir l’engagement de la spécialité dans les équipes cliniques au sein des soins actifs et, surtout, dans le cadre communautaire.
Mentorat
La CAR est bien placée pour créer des opportunités ou des stratégies formalisées pour encadrer les radiologistes en début de carrière. L’imagerie diagnostique a évolué de façon spectaculaire au cours des dernières décennies et continue de se développer à une vitesse sans précédent grâce à l’informatique quantique et aux mégadonnées. Il est nécessaire de rester flexible, d’assimiler les informations et d’embrasser les changements technologiques.
« Au cours de ma carrière, les changements technologiques ont été incroyables. Dans les années 1980, nous disposions des premières formes d’échographie et de tomodensitométrie. L’IRM avait été mise au point, mais n’était pas encore couramment utilisée. Les systèmes TEP/TDM et TEMP en médecine nucléaire n’étaient pas disponibles dans la pratique.
Pour atteindre l’excellence dans notre spécialité, il est nécessaire de répondre aux besoins des médecins. Sans un soutien approprié, les médecins risquent de se désengager et de s’épuiser. Cela est d’autant plus valable dans le Canada post-COVID qui connaît une période d’incertitude économique, à l’origine de problèmes d’accès aux soins, de difficultés de financement et de retards dans le diagnostic et le traitement de nombreuses maladies. »
Félicitations à la Dre Molnar pour son statut d’Associée de la CAR.