Rédigé par la Dre Kaitlin M. Zaki-Metias - Résidente en radiologie aux États-Unis
En tant que citoyen canadien, avoir un pied des deux côtés de la frontière tout au long de la résidence en radiologie peut être décourageant. Bien que les possibilités soient nombreuses aux États-Unis, il existe des restrictions en matière de visa susceptibles de limiter les endroits où les Canadiens peuvent effectuer un fellowship. Pour ceux d’entre nous qui souhaitent retourner au Canada pour y exercer leur profession, il peut être difficile de s’y retrouver.
Contexte et importance
De nombreux Canadiens ayant suivi des études de médecine à l’étranger présentent leur candidature et terminent souvent leur formation en résidence ou en fellowship aux États-Unis, y compris dans le domaine de la radiologie. L’admission à un programme de résidence canadien en tant que diplômé international en médecine (DIM) est extrêmement compétitive, en particulier dans le domaine de la radiologie diagnostique où seuls cinq postes sont réservés aux DIM. Selon le programme de déclaration de besoin associé au visa J-1 de Santé Canada, 61 citoyens canadiens et résidents permanents sont actuellement activement inscrits à des programmes de formation en radiologie aux États-Unis pour l’année universitaire 2023-2024.
Tous les programmes de formation postdoctorale posent des défis aux résidents, mais les citoyens canadiens qui suivent une formation à l’étranger sont confrontés à une situation assez particulière dont les solutions sont souvent floues. Chaque année, un très grand nombre de Canadiens suivent une formation médicale à l’étranger en raison de la compétitivité croissante des écoles de médecine canadiennes. Plusieurs d’entre eux choisissent d’effectuer leur résidence aux États-Unis en raison de l’abondance des programmes et du sentiment que les chances sont plus égales pour tous. Ceux qui souhaitent revenir au Canada pour y effectuer un fellowship et/ou exercer doivent faire face à plusieurs obstacles supplémentaires.
Examens
Les Canadiens qui souhaitent revenir au Canada pour exercer doivent obtenir une certification de spécialité en radiologie diagnostique auprès du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (CRMCC). Contrairement à l’examen de base (CORE) de l’American Board of Radiology (ABR), l’équivalent canadien se déroule en deux étapes, avec des épreuves écrites et orales. Cet examen a généralement lieu au printemps de la cinquième année de formation postdoctorale (PGY-5), toutefois la procédure d’inscription commence près de 18 mois auparavant.
L’obtention d’une licence médicale provinciale est soumise à d’autres critères dépendant de la province. Cela peut impliquer de passer les examens du Conseil médical du Canada (CMC) et d’obtenir le titre de licencié du CMC, bien que cela varie d’une province à l’autre. Dans une minorité de provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, le USMLE (United States Medical Licensing Examinations) peut être accepté à la place des examens du CMC. Les obstacles à l’obtention d’une licence provinciale pour les médecins formés aux États-Unis sont actuellement en train d’évoluer et les critères doivent être vérifiés auprès des autorités provinciales compétentes.
Formation postdoctorale et marché de l’emploi
Il n’est pas rare que les résidents des programmes canadiens effectuent leur fellowship aux États-Unis. De même, de nombreux résidents canadiens aux États-Unis poursuivent leur formation dans le cadre d’un programme de fellowship états-unien. Toutefois, l’un des principaux obstacles à prendre en compte est le parrainage des visas. À l’instar des postes de résidents, tous les programmes de fellowship et tous les établissements aux États-Unis ne proposent pas nécessairement de commandite de visas J-1 pour les fellowships. En outre, pour ceux qui ont l’intention de revenir au Canada pour exercer, il peut être souhaitable d’obtenir une formation postdoctorale au Canada afin de se constituer un réseau et de s’acclimater aux différences entre les systèmes de santé avant d’obtenir un poste d’employé. Bien qu’il s’agisse d’un pays géographiquement étendu, le Canada possède une petite communauté de radiologistes très soudée et ceux qui espèrent y exercer pourraient avoir tout intérêt à avoir déjà mis un pied dans cet univers avant de postuler à des emplois. Toutefois, les programmes de fellowship des États-Unis sont généralement très respectés au Canada et le fait de terminer sa formation dans ce pays n’empêche pas nécessairement de travailler comme radiologiste au Canada par la suite. Pour ma part, j’ai choisi de présenter ma candidature à des programmes de fellowship canadiens et états-uniens et j’ai finalement accepté un poste au Canada, car j’estimais que cela me préparerait mieux à maîtriser toutes les subtilités de la pratique dans le système de soins de santé canadien.
Réseautage et congrès
Il existe de nombreuses possibilités de réseautage au sein de la communauté radiologique canadienne, aussi bien en présentiel que virtuellement. L’Association canadienne des radiologistes (CAR) tient son Congrès scientifique annuel chaque printemps et organise une Journée des stagiaires au début du congrès. Cette journée propose un contenu éducatif ciblé ainsi que des possibilités de réseautage pour les résidents et les fellows à tous les niveaux de formation. En outre, de nombreux événements de réseautage sont organisés lors du Congrès scientifique annuel de la CAR, par la CAR elle-même et par des organisations affiliées et non affiliées. Les stagiaires de tout le Canada ainsi que ceux suivant une formation à l’étranger sont invités à s’inscrire et bénéficient des mêmes avantages.
Le Canada participe également à l’Assemblée scientifique annuelle de la Radiological Society of North America (RSNA) à Chicago. La CAR et d’autres organisations affiliées, telles que Canadian Radiology Women (CRW), organisent des réceptions pour leurs membres et leurs invités. D’après mon expérience, la CAR et la CRW sont extrêmement accueillantes, et j’ai noué de nombreuses relations professionnelles solides et renforcé des amitiés préexistantes lors de ces événements en présentiel.
S’impliquer
Les résidents canadiens qui se forment à l’étranger disposent de nombreuses possibilités de s’impliquer dans la communauté radiologique canadienne. La CAR propose une adhésion aux résidents et aux fellows en formation dans des établissements en dehors du Canada, moyennant une cotisation symbolique de 35 CAD par année. Cette adhésion donne accès aux nombreuses possibilités de bénévolat, de défense des intérêts et de formations offertes par la CAR. Les membres stagiaires de la CAR bénéficient également d’une réduction pour l’inscription au Congrès scientifique annuel de l’association. La CAR offre de nombreuses possibilités de bénévolat par l’intermédiaire de ses groupes de travail sur une variété de sujets allant de l’élaboration de lignes directrices à la mise au point de programmes d’agrément, en passant par des initiatives en matière d’équité, de diversité et d’inclusion ou de santé planétaire. La CAR joue également un rôle déterminant dans la défense des intérêts de la radiologie au Canada, tant au niveau fédéral que provincial, et propose plusieurs moyens d’y prendre part.
La Section des résidents et fellows (RFS) constitue une excellente ressource pour les stagiaires, au Canada comme à l’étranger. À compter de l’année universitaire 2023-2024, le Comité de direction de la RFS de la CAR a créé un nouveau poste de représentant des résidents internationaux. Celui-ci est ouvert à tous les membres de la CAR faisant partie d’un programme de formation en résidence non canadien et sera attribué pour un mandat d’un an. Le poste de représentant des résidents internationaux offrira aux Canadiens en formation à l’étranger une autre occasion de collaborer avec leurs pairs et de contribuer à la communauté radiologique canadienne. J’ai d’ailleurs eu la chance d’occuper ce poste pour l’année universitaire 2023-2024 et il m’a permis de renforcer mes liens avec la communauté des radiologistes au Canada. Je recommande vivement aux stagiaires internationaux d’envisager de présenter leur candidature à ce poste afin de perfectionner leurs compétences en matière de leadership et d’accroître leurs possibilités de réseautage.
La CAR compte plusieurs sociétés affiliées représentant différentes spécialités et l’adhésion à ces dernières est comprise dans l’adhésion à l'association. Les voici : la Société canadienne de radiologie abdominale (CSAR), la Société canadienne de radiologie thoracique (CSTR), la Société canadienne de radiologie pédiatrique (CSPR), la Société canadienne de radiologie d’urgence, de traumatologie et de soins actifs (CETARS), et la toute nouvelle Société canadienne de radiologie musculo-squelettique (CSSR). Chacun de ces groupes offre des possibilités supplémentaires d’implication et est présent au Congrès scientifique annuel.
D’autres associations ne sont pas directement affiliées à la CAR, telles que l’Association canadienne pour la radiologie d’intervention (CAIR) et la Société canadienne de l’imagerie mammaire (CSBI), bien qu’il existe des liens étroits entre elles. Le coût de l’adhésion à la CAIR est abordable pour les stagiaires, à raison de 50 CAD par an, tandis que l’adhésion à la CSBI est gratuite. La CAIR et la CSBI organisent toutes deux un congrès annuel et offrent d’autres possibilités en matière de défense des intérêts et d’implication.
La CRW constitue une communauté plus informelle de femmes canadiennes travaillant dans le domaine de la radiologie, avec une forte présence dans les médias sociaux. La CRW propose de nombreux webinaires gratuits et abordables tout au long de l’année, avec notamment un atelier annuel sur le leadership des femmes en radiologie, organisé conjointement avec l’Université Dalhousie, la Nova Scotia Association of Radiologists et la Fondation radiologique canadienne. La CRW et ses membres organisent également des réunions en présentiel, de manière formelle ou informelle, pour favoriser le réseautage, le mentorat et l’esprit de communauté.
D’après ma propre expérience au sein de la CSBI et de la CRW, les deux communautés sont extrêmement accueillantes et encourageantes à l’égard de la nouvelle génération de radiologistes au Canada. Les relations de mentorat que j’ai établies grâce à ces deux organisations ont eu un effet transformateur et m’ont permis d’avoir encore plus hâte de travailler toute ma vie dans un cadre axé sur le travail d’équipe et la camaraderie, aux côtés d’un groupe de radiologistes canadiens exemplaires.
Plusieurs sociétés de radiologie provinciales, comme celles de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario, du Québec et de la Nouvelle-Écosse, proposent également des adhésions pour les stagiaires. Ces sociétés proposent diverses activités éducatives et constituent une ressource précieuse pour la recherche d’emploi et l’établissement de contacts locaux.
Pour conclure
En tant qu’étranger, trouver sa place dans la communauté très soudée des radiologistes canadiens peut sembler décourageant au départ. Cependant, je n’ai connu que gentillesse, encouragements et soutien authentiques durant mon laborieux parcours pour rentrer chez moi, au Canada. J’encourage tous les Canadiens en formation aux États-Unis ou à l’étranger à s’impliquer et à commencer à tisser des liens dès le début, même s’ils ne sont pas encore sûrs de leurs futurs projets de fellowship ou d’exercice. Selon moi, la combinaison des expériences acquises dans le cadre de ma formation en résidence aux États-Unis et des activités associées, ainsi que mon implication dans la communauté radiologique canadienne, ont été extrêmement fructueuses et contribuent toutes à faire naître en moi une vision d’ensemble bien équilibrée dans la construction de mon avenir en tant que radiologiste.
Ressources utiles :
- Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada – https://www.royalcollege.ca/fr
- Conseil médical du Canada – https://www.mcc.ca/fr
- Association canadienne des radiologistes – https://car.ca/fr
- Association canadienne pour la radiologie d’intervention – https://www.cairweb.ca/fr
- Société canadienne de l’imagerie mammaire – https://www.csbi.ca
- Canadian Radiology Women - https://twitter.com/canadaradwomen?lang=fr
À propos de la Dre Kaitlin M. Zaki-Metias
- Résidente en chef, radiologie diagnostique, PGY-5, Hôpital Trinity Health d’Oakland, Wayne State University
- Représentante des résidents internationaux, Section des résidents et fellows de l’Association canadienne des radiologistes
- Représentante des stagiaires de la Société canadienne de l’imagerie mammaire
- Représentante des résidents de la Société canadienne de radiologie abdominale
- Représentante des résidents internationaux, Canadian Radiology Women