Les informations présentées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les normes actuelles de la CAR en matière d’imagerie mammaire. Pour consulter les lignes directrices de la CAR sur l’imagerie mammaire, consultez car.ca.
Les femmes dont le tissu mammaire est dense sont exposées à un risque accru de cancer du sein; un tissu mammaire dense réduit également la sensibilité de la mammographie pour dépister le cancer du sein. Au Canada, plusieurs provinces ont récemment entrepris d’indiquer la densité mammaire dans la lettre envoyée aux femmes pour les informer des résultats de leur mammographie; la Colombie-Britannique ayant été la première à le faire, en octobre 20181,2. Les programmes de dépistage provinciaux sont désormais nombreux à offrir aux femmes dont le tissu mammaire est dense la possibilité de se prêter à une échographie de dépistage ou à une mammographie annuelle.
L’essai DENSE (Dense Tissue and Early Breast Neoplasm Screening) est une étude contrôlée à répartition aléatoire évaluant l’IRM en tant que modalité d’imagerie supplémentaire chez les femmes dont le tissu mammaire est extrêmement dense. Alors que les études menées jusque-là ont montré que l’IRM permet d’augmenter la sensibilité du dépistage du cancer du sein comparativement à la mammographie, l’objectif principal de l’étude DENSE consiste à déterminer si l’IRM permet d’améliorer la détection précoce et de réduire le taux de cancers d’intervalle.
Les résultats de la première ronde de dépistage organisée dans le cadre de l’étude DENSE sont parus dans le New England Journal of Medicine en novembre 20193. L’étude comprend 40 373 femmes dont le tissu mammaire est extrêmement dense, qui ont obtenu un résultat négatif à la mammographie. Ces femmes ont été réparties aléatoirement dans deux groupes : l’un (8 061 femmes) a été invité à se prêter à un dépistage supplémentaire par IRM et l’autre (32 312 femmes) s’est uniquement prêté à une mammographie.
L’invitation de se prêter à un dépistage supplémentaire par IRM a été acceptée par 4 783 femmes (59 %). Parmi les participantes qui se sont prêtées à un dépistage par IRM après avoir obtenu un résultat négatif à la mammographie, l’examen d’IRM a permis de dépister 16,5 cancers pour 1 000 examens; le taux de biopsie a été de 62,7 pour 1 000, et le taux de faux positifs, de 79,8 pour 1 000 examens.
Le principal constat réalisé durant la période de suivi de 2 ans après la première ronde de dépistage est le suivant : l’IRM s’est avérée réduire considérablement le taux de cancers d’intervalle chez les femmes dont le tissu mammaire est extrêmement dense. Le taux de cancers d’intervalle a été de 2,5 cas pour 1 000 femmes invitées à se prêter à un dépistage supplémentaire par IRM, comparativement à 5,0 cas pour 1 000 femmes qui se sont prêtées à une mammographie uniquement (p < 0,001). Le taux de cancers d’intervalle chez les femmes du groupe invité à se prêter à un dépistage par IRM qui se sont effectivement soumises à l’examen a été de 0,8 cas pour 1 000 femmes.
Alors que l’article de novembre résume les résultats de la première ronde de dépistage et de la période de suivi de deux ans, l’étude se poursuit à raison de trois rondes de dépistage bisannuelles. Une analyse plus approfondie des données de l’étude DENSE est également en cours, dans le cadre d’une étude de simulation visant à évaluer la réduction de la mortalité, l’ampleur du surdiagnostic, ainsi que leurs effets sur les coûts et la qualité de vie. Ces données serviront également à valider l’utilisation de protocoles abrégés, lesquels pourraient devenir une stratégie importante pour améliorer l’accès à l’IRM comme outil de dépistage du cancer du sein.
[References]
- McCormack VA, dos Santos Silva I. Cancer Epidemiol Biomark Prev 2006; 15(6):1159-1169
- Wanders JO et al. Breast Cancer Res Treat 2017; 162(1):95-103
- Bakker et al., N Engl J Med 2019; 381(22):2091-2102