Le système de santé québécois jouit des retombées positives de la mise en place d’un système d’aide à la décision clinique (ADC) électronique.
Santé Québec a introduit les dossiers de santé numériques en 2024 dans plusieurs régions de la province.

« Le système d’ADC MedCurrent a été intégré au système informatisé d’entrée d’ordonnances (SIEO) existant. Il a été déployé dans les Laurentides en avril 2024, en Outaouais en novembre 2024 et en Abitibi-Témiscamingue en février 2025 », explique Nathalie Bazylewicz, gestionnaire de projet pour Santé Québec. « Au total, l’on a intégré 149 indications cliniques et 1874 scénarios inspirés des lignes directrices relatives aux demandes d’examen en imagerie diagnostique de la CAR, des recommandations de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS), ainsi que d’entrées personnalisées. »
Elle explique que la complexité de l’écosystème TI-fournisseur-plateforme, l’allocation des ressources, la définition interne des priorités parmi les projets concurrents à Santé Québec, le financement et le fait de convaincre les médecins d’adhérer au nouveau système ont entre autres compliqué la mise en œuvre.
« Le Québec est une province francophone; nous avons donc dû surmonter des obstacles supplémentaires afin de nous assurer que le système d’ADC intégrait les lignes directrices canadiennes et québécoises en matière de pratique clinique. La CAR et l’INESSS ont répondu à notre demande d’aide de façon rapide et efficace. »
Depuis le début du projet, plus de 49 000 orientations ont été analysées par le système d’ADC mis à jour.
« Depuis le lancement dans la première région, des recommandations supplémentaires ont été partagées par la CAR et l’INESSS, et la couverture du contenu clinique est passée de 90 % à 95 % », souligne Mme Bazylewicz. « Six pour cent des demandes d’examen ont été annulées, car elles ont été jugées “non nécessaires” sur la base des recommandations de l’ADC. Pour un centre moyen traitant 40 000 demandes par an, ça représente une économie potentielle de 750 000 $ ».
L’adoption d’un système d’ADC normalisé à travers le Canada est une priorité que la CAR a fait valoir auprès des responsables gouvernementaux et des dirigeants provinciaux du secteur de la santé. En novembre 2024, la CAR a organisé la Conference on Digitizing Healthcare Referrals, une conférence sur le passage aux orientations électroniques à Toronto, à laquelle ont participé des conférenciers experts, des directeurs de services de radiologie et de cliniques, des gestionnaires d’entreprise, des responsables des ressources humaines en santé, des agents politiques et d’autres parties prenantes importantes du domaine de la radiologie. Mme Bazylewicz remarque que le travail de mise en œuvre est souvent mené par les organisations de soins de santé régionales.
« Les ADC font souvent partie de projets localisés, et leur utilisation n’est pas encore obligatoire dans le cadre du déploiement d’un système de SIEO », précise-t-elle. « Ils sont plus fréquemment utilisés en lien avec des modalités d’imagerie médicale avancée (TDM, IRM), et la plupart des essais se déroulent au sein d’hôpitaux universitaires. Ils portent rarement sur l’utilisation par des médecins de famille dans le cadre d’une pratique communautaire. Nous pensons que pour que les ADC soient pertinents dans un plus grand nombre de contextes, les directives d’orientation doivent être adaptées à la pratique clinique en région ».
Si le Québec réalise des économies de temps et d’argent, Mme Bazylewicz indique que peu d’autres provinces ont suivi la même voie.
« Certaines provinces, comme l’Alberta, ont bel et bien travaillé à la mise en œuvre de l’ADC pour l’imagerie médicale avancée (TDM, IRM), mais l’outil a été configuré sur la base des lignes directrices provenant des États-Unis. Il serait formidable d’avoir accès à leurs résultats et de donner plus de visibilité à ce type d’initiatives canadiennes. Nous sommes convaincus que le fait que nous ayons intégré les lignes directrices de la CAR dans notre ADC (MedCurrent) a renforcé l’adoption de celle-ci par les cliniciens. En effet, elles sont plus en phase avec leur réalité clinique. Elles ont donc influencé de façon positive leur utilisation de l’outil. »
En savoir plus sur les efforts de la CAR pour mettre en œuvre des systèmes d’orientation électroniques dans l’ensemble du pays.